Huit mars

Marion Feugère

Ça fait déjà quelques jours que je ne pense qu’à une chose : m’épiler les jambes. 2 ans et demi que je ne m’épile plus nulle part, 2 ans et demi de poils doux et fins qui me protègent chaque jours, et ont trouvé leur place autour de mes cuisses, de mes mollets, de mon sexe. Mes poils, c’est mon Go Fuck clair et net à un patriarcat de chiottes, et à une charge mentale de double chiotte. C’est une putain de libération, c’est une jouissance, une émancipation.
Pourtant en ce moment je ne peux plus me les voir en peinture et ça vient me chercher à un endroit politique chez moi, presque culpabilisant.
Haaaaaa, les poils… l’exemple le plus drue de la misogynie n’est-ce pas ?
« As-tu eu le choix de t’épiler ou non ? »
Le jour où mon cerveau est allé jusqu’à ce raisonnement, j’ai clairement arrêté de dépenser des thunes toutes les 5 semaines chez Citron Vert.
L’acte le plus rebelle et politique qui soit n’est-il pas d’aimer son corps pour ce qu’il EST ?
La base line du féminisme, c’est bien de faire ce qu’on veut avec son god damn body alors je me fous la paix et je vais enlever ces poils en les aimant tout autant, et quand ça repoussera, je leur ferai des baisers 

Les femmes sont des poils qui luttent en silence, la nuit
Des guerrières muettes tapies dans l’ombre
Des travailleuses
Des sorcières
Des fées
Des portes bonheur
Des couronnes

Mêmes arrachées, elles repoussent.
Mêmes arrachées, elles repoussent.
Mêmes arrachées, elles repoussent. Toujours.
Voilà comment je m’endors un 8 mars.