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Hantée

Laëtitia

Il est là derrière moi.
Je le sens, je l'entends, je le vois
Avec ses lourdes chaines, il me suit.
Il chante,

Avec moi, ce chant funeste d'autrefois.
Il souffle dans mon cou.
Et de sa vois menaçante,
Me traque.

​

Captive de ses paroles, je me souviens,
Des draps froissés, de ces vêtements tombés à terre,
De mon corps fléchi, de ma pensée courbée sous le poids de ce corps

Pressé contre ma peau, oppressant.
Je me souviens de ces sanglots cruels.
Et, mon corps endolori me rappelle sans cesse,
Ces sombres nuits qui tuèrent en plein cœur,
Mes rêves, ma joie, mon bonheur.

​

Il est là, perfide,
Il attend, guette et poursuit.
Il m'enlace de ses mains noires, de sang,
De mon sang...
Il pénètre au plus profond de mon âme.
M'enterre sous la peur, l'angoisse,
La souffrance de ces réminiscences.

​

Meurtrie à jamais, je regarde
Cet assassin,
Ce double de moi-même.
Qui me hante et jamais ne se lasse,
Qui me caresse et toujours me poignarde.

​

Cette ombre qui m'assaille, me terrorise et me condamne,
Ensanglantée, déchirée, marquée par trop de cicatrices,

Cette ombre,
C'est moi,
Le fantôme de mes pensées.

Qui est Laëtitia ?

« il faut qu’il ait au cœur une entaille profonde/ Pour épancher ses vers, divines larmes d’or ! » (Théophile Gautier, « le pin des Landes » )

Ces quelques vers m’ont, dès la première lecture, beaucoup touchée. Je m’y retrouve tout particulièrement car je ne me serai sans doute pas mise à écrire un peu de poésie si je n’avais pas profondément souffert pendant mon adolescence. Tous les poèmes que j’ai pu écrire découlent de douleurs plus ou moins vivaces à présent.

 J’ai donc connu le harcèlement sexuel pendant de longs mois au collège, je me suis sentie seule, sale, vulnérable et trahie. Premier traumatisme qui m’a poussé à prendre la parole et à écrire.

Il y a trois ans, j’ai été exclue de la communauté religieuse, chrétienne, à laquelle j’appartenais depuis toujours. Ma vie a volé en éclats.  J’ai été abandonnée par ceux qui se disaient mes « frères et mes sœurs », ma famille,  mes amis les plus chers, amis que je n’ai plus jamais revus et que je ne reverrai sans doute jamais. Je me suis retrouvée seule ou presque, en mille morceaux, sans foi, sans Dieu, sans personne à qui me raccrocher.

La poésie a été thérapeutiques pour moi et j’espère qu’elle pourra l’être pour d’autres qui pourraient se retrouver dans les situations que je décris : femmes blessées, agressées et rescapés de sectes encore endoloris.

J’espère que mes poèmes pourront alors servir de témoignages… Personne n’a à subir l’ostracisme et le rejet ni pour ses opinions religieuse ou politique, ni pour son orientation sexuelle, ni pour aucune autre raison.  

J’ai 19 ans et je voudrais que ma poésie vous touche, vous faire ressentir par mes mots ce que j’ai vécu, ce qui m’a bouleversée, ce qui m’a irrémédiablement transformée.

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