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Voyage dans la brume

Laëtitia

J'ai rêvé que je rêvais.
Que je rêvais ta bouche
Aux pétales vermeils
Cette fleur entraînante,
Ce voilier envoûtant
Où je bois à long traits
La houle qui m'enlève.
J'écoute le ressac, qui sous mes doigts
S'écoule.
De mes lèvres mouillées, rayonnantes d'écume,
J'embrasse encore une fois
La chatoyante idée de cette barque de brume.

​

Et je rêvais aussi
A ces tendres nuits...
Tes mains tout contre moi
Pressant tout contre toi
Deux jolies collines, vêtues de satin rose
Deux petits seins de soie
Qui tanguent sous la brise
De nos soupirs de fous.
Éperdue je contemple
Cette si belle vallée, semée de cheveux d'ange,
Qui s'offre devant moi.

​

Je rêvais nos corps, nos âmes
Enlacés dans la plus grande extase
Ma main sous ton tendre cou doré,
Ma poitrine
Ciselée dans le marbre de ta peau.
Ta main où fleurissent les roses,
Nichée dans le creux de mes reins
Voguant toujours
Au rythme de l'amour.

Qui est Laëtitia ?

« il faut qu’il ait au cœur une entaille profonde/ Pour épancher ses vers, divines larmes d’or ! » (Théophile Gautier, « le pin des Landes » )

Ces quelques vers m’ont, dès la première lecture, beaucoup touchée. Je m’y retrouve tout particulièrement car je ne me serai sans doute pas mise à écrire un peu de poésie si je n’avais pas profondément souffert pendant mon adolescence. Tous les poèmes que j’ai pu écrire découlent de douleurs plus ou moins vivaces à présent.

 J’ai donc connu le harcèlement sexuel pendant de longs mois au collège, je me suis sentie seule, sale, vulnérable et trahie. Premier traumatisme qui m’a poussé à prendre la parole et à écrire.

Il y a trois ans, j’ai été exclue de la communauté religieuse, chrétienne, à laquelle j’appartenais depuis toujours. Ma vie a volé en éclats.  J’ai été abandonnée par ceux qui se disaient mes « frères et mes sœurs », ma famille,  mes amis les plus chers, amis que je n’ai plus jamais revus et que je ne reverrai sans doute jamais. Je me suis retrouvée seule ou presque, en mille morceaux, sans foi, sans Dieu, sans personne à qui me raccrocher.

La poésie a été thérapeutiques pour moi et j’espère qu’elle pourra l’être pour d’autres qui pourraient se retrouver dans les situations que je décris : femmes blessées, agressées et rescapés de sectes encore endoloris.

J’espère que mes poèmes pourront alors servir de témoignages… Personne n’a à subir l’ostracisme et le rejet ni pour ses opinions religieuse ou politique, ni pour son orientation sexuelle, ni pour aucune autre raison.  

J’ai 19 ans et je voudrais que ma poésie vous touche, vous faire ressentir par mes mots ce que j’ai vécu, ce qui m’a bouleversée, ce qui m’a irrémédiablement transformée.

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